Hôpital privé Drôme-Ardèche (26)

Halte aux gaz polluants

En 2022, l’hôpital privé Drôme-Ardèche a mis fin à l’utilisation des gaz polluants en anesthésie. Une démarche qui est passée comme une lettre à la poste grâce à une communication percutante.

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« À l’origine, c’est un jeune anesthésiste, fort des recommandations de la SFAR, qui nous a sollicités pour arrêter les gaz polluants », explique Christophe Nambot,  pharmacien et référent RSE de l’établissement. « On s’est dit que c’était une bonne idée et puisque l’ensemble des anesthésistes semblait assez favorable, on a commencé à travailler sur le sujet en commission DD. » Et d’entrée de jeu, le référent RSE a intégré le responsable communication au COPIL RSE. « La communication sur ces sujets est tellement primordiale que si j’ai bien un message à faire passer, c’est celui-ci : associez le responsable communication à vos projets RSE ! »

1540 fois plus impactant que le CO2

[ Empreinte carbone des hôpitaux en France (2023) ]

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Les chiffres sont éloquents : l’empreinte carbone des hôpitaux en France est estimée à 8% sachant que les médicaments représentent à eux seuls 35% de ces 8%. « C’est difficile d’estimer plus précisément la part des gaz anesthésiants, mais on sait qu’elle est très importante puisque le pouvoir de réchauffement global du Desflurane est de 1540 fois celui du CO2, le Sévoflurane 130 fois et le protoxyde d’azote, 298 fois… ».

L’hôpital effectuant entre 26 000 et 28 000 interventions chirurgicales par an, la consommation de Desflurane est estimée à 51 l ou kg, soit une empreinte carbone de 130 T de CO2, équivalente à celle de… 14 Français (9T par individu). En ce qui concerne le Protoxyde d’Azote, la consommation annuelle de l’hôpital est estimée à 2240 l ou kg, soit une empreinte carbone de 668T équivalent à celle de 74 Français !

[ Empreinte carbone des gaz polluants à l’hôpital privé drôme-ardèche ]

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« Rien qu’en arrêtant ces deux gaz, on économise l’empreinte carbone de 89 personnes, soit environ un quart des salariés de notre établissement », explique Christophe Nambot. « C’est de cette manière plus parlante et intéressante qu’on a choisi de communiquer, parce que le PGR (Procédure de Gaz Renforcée ), ça ne veut rien dire à la plupart des gens, même dans le médical. »

Lors d’une journée standard, un anesthésiste qui utilise du Desflurane a la même empreinte carbone que s’il effectuait un trajet de 2000 km en voiture !

Effet boule de neige

En 2023, une première information paraît dans le journal de l’établissement. Les rédacteurs expliquent que depuis quelques semaines les anesthésistes d’HPDA ont renoncé à utiliser le Desflurane et viennent de décider d’arrêter le Protoxyde d’azote en adaptant leurs pratiques. Ils enfoncent le clou de la métaphore en indiquant que “lors d’une journée standard, un anesthésiste qui utilise du Desflurane a la même empreinte carbone que s’il effectuait un trajet de 2000 km en voiture !” Difficile d’être plus clair !

Une fois le projet mené à terme avec l’abandon des deux gaz, l’information a ensuite été abondamment relayée sur les réseaux sociaux de l’établissement, Facebook et Linkedin. En externe, « grâce au travail du responsable communication », l’anesthésiste à l’origine du projet a été interviewé dans le Dauphiné Libéré. « Ça a eu un effet boule de neige. On m’a invité au forum Sanofi en décembre pour parler de ce sujet », indique le référent RSE qui invite ses confrères à se lancer :  « Beaucoup ont fait la bascule, d’autres y songent, allez-y, c’est relativement facile et très payant ! »

Gare à l’illusion d’évidence

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Christophe Nambot,  pharmacien et référent RSE de l’établissement

« Dans nos métiers, nous avons souvent la tête dans le guidon », souligne Christophe Nambot. « On prend des décisions, pensant que tout le monde suit ce qu’il se passe. Or, la plupart du temps, personne n’est au courant de ce que l’on fait. C’est ce qu’on appelle en management “l’illusion d’évidence”. » Pour le référent, il est donc impératif de communiquer sur les actions  RSE mises en œuvre. « C’est une reconnaissance du travail des professionnels impliqués et cela les encourage à continuer. » Et d’un point de vue extérieur, c’est une vitrine vertueuse pour l’établissement. « Nos patients sont de plus en plus sensibles à ces actions de développement durable. »

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