SYNDICAT D’INFIRMIERS LIBÉRAUX
Convergence infirmière : « Balance ton gaspi ! »
Depuis la généralisation des matériels à usage unique, les infirmiers libéraux constatent un énorme gâchis dans l’univers du soin à domicile. « Les déchets ne s’arrêtent pas aux portes des établissements, ils continuent au domicile des patients », explique Ghislaine Sicre, présidente de Convergence infirmière, syndicat d’infirmiers libéraux.
« Je suis ancienne dans le métier, et depuis qu’on a de l’usage unique, notamment les sets à pansement, à sondage ou à perfusion, on s’est rendu compte qu’on génère énormément de déchets car on n’utilise pas forcément tous les dispositifs fournis. On se retrouve avec des quantités phénoménales de matériels inutilisés : on les conserve dans nos cabinets, on essaie de les recycler, mais il y en a beaucoup trop. »
Un exemple, celui du patient handicapé qui utilise un sondage évacuateur cinq fois par jour, avec un set à sondage inadapté, car prévu pour un sondage permanent. « Dans ce set, il y a deux seringues et une ampoule d’eau que nous n’utilisons pas, ce qui fait 180 seringues et 90 ampoules qui partent à la poubelle chaque mois. On essaie de les récupérer, mais on ne fait pas suffisamment d’injections pour recycler toutes ces seringues. Même chose pour le set à perfusion, quand nous avons seulement des sous-cutanées à réaliser. On se retrouve avec des dispositifs médicaux en très grande quantité, sans filière de recyclage. »
D’où l’initiative « Balance ton gaspi » organisée en octobre 2022 par le syndicat, l’utilisation du « bon coin » se révélant insuffisante. Menée par une vingtaine de cabinets infirmiers sur toute la France, l’opération a consisté à comptabiliser tous les dispositifs médicaux inutilisés, provenant des sets ou de prescriptions erronées, ou ne correspondant pas aux besoins du patient. « L’origine du gaspillage peut venir des établissements de santé, des médecins généralistes ou des prestataires de santé, qui nous fournissent régulièrement du matériel dont nous n’avons pas besoin, or c’est quand même l’argent du contribuable », ajoute Ghislaine Sicre.
Avec les hospitalisations à domicile, une grande quantité de matériels inutilisés finissent également à la poubelle, comme ces montagnes de boîtes à pansements pour des patients qui n’en ont pas besoin. Beaucoup trop de déchets, quand le développement durable en santé est mis en avant. « L’opération porte également sur les médicaments pour lesquels on constate beaucoup de gâchis, car le médecin qui prescrit ne tient pas compte de ce que le patient a déjà dans son armoire à pharmacie. Tout ceci est comptabilisé, photos à l’appui, avec le soutien technique du C2DS. Il s’agit de définir précisément ce gaspillage et de chercher les solutions pour y remédier, dans l’esprit d’une économie circulaire. L’idée n’est pas de stigmatiser qui que ce soit, mais de faire prendre conscience du gaspillage à tous les acteurs et trouver des solutions pour le réduire. » Résultat de la campagne à venir.