Victime de la diversité de son contenu et contraint par une législation exigeante, le verre médicamenteux peine à intéresser les organismes de recyclage. François Gracia du CHU de Montpellier (34) s’est mis en quête d’une filière de valorisation…
Le CHU de Montpellier œuvre de longue date à l’optimisation de la valorisation de ses déchets. Aujourd’hui, 51 filières de déchets sont en place, et environ 1 100 tonnes de Dasri sont produites par an. Parmi ces déchets, un semble très simple à traiter, le verre médicamenteux, et pourtant sa valorisation demeure pour l’heure sans solution. Le CHU produit une vingtaine de tonnes de déchet de verre médicamenteux. « Ce volume représente 8 containers maritimes sur les 1 100 tonnes, ce n’est pas grand-chose mais notre production de déchet de verre médicamenteux s’ajoute à celle des autres structures publiques et privées du bassin montpelliérain. La complexité de valorisation de ce déchet est notamment due à la diversité de son contenu (médicamenteux, eau stérile…). La loi interdit de mélanger ce verre aux filières existantes de verre alimentaire. Ce qui est profondément dommage puisque le verre est un matériau noble que l’humanité utilise depuis plus de cinq mille ans, à l’origine pour des bijoux, mais également rapidement pour l’alimentaire et des éléments de construction. Cette matière est inerte, sans danger pour l’environnement, particulièrement étanche, stable, se recycle à l’infini et a donc tous les avantages pour être valorisée au maximum de ses possibilités. Au-delà, nous sommes soumis à un cadre légal. La loi impose 2 filières distinctes : le verre alimentaire d’une part et le verre industriel ou médicamenteux d’autre part. Le Grenelle de l’environnement nous oblige par ailleurs de trier 5 flux : le bois, le papier, les métaux, les plastiques, et le verre qu’on ne trie pas et qui est incinéré, donc perdu. La contrainte au-delà du stockage, sont les conditions de transport. Ce verre peut se trouver souillé par des produits chimiques, même si la plupart du temps il contient des solutés ou de l’eau stérile. On sera très probablement obligé de le codifier de façon particulière et ce transport sécurisé pourra alors coûter cher. »
François Gracia s’est mis en quête de filières de valorisation et s’est tout d’abord tourné vers les industriels verriers autres que ceux qui font le verre alimentaire, en vain. Il poursuit pour l’heure les pistes d’un groupe industriel du BTP, un de lunetterie, l’autre de vitrage. « Je n’en démords pas, j’ai contacté 16 autres sites de fabrique, de petites structures qui sont spécialisées dans le flaconnage de verre médicamenteux ou de cosmétique et que cette matière première que nous jetons peut intéresser. Je ne peux pas concevoir que les industriels ne s’intéressent pas à cette niche de verre particulier. Un jour ou l’autre on y arrivera, c’est une évidence. »
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