Les équipes du bloc – médecins et soignants – l’ont fait : le desflurane, le gaz anesthésiant le plus polluant, est définitivement supprimé des 21 salles de bloc de l’hôpital.
Trois principaux gaz sont utilisés en anesthésie : le desflurane, le sévoflurane et le protoxyde d’azote ; ils ont des durées de vie dans l’atmosphère de 1,4 ans pour le sévoflurane, 21,4 ans pour le desflurane, et 114 ans pour le protoxyde d’azote. Leur pouvoir de réchauffement global à 100 ans est important : le sévoflurane est 130 fois plus impactant que le C02, le protoxyde d’azote jusqu’à 298 fois, et le desflurane jusqu’à 2 540 fois !
« L’utilisation du desflurane est un sujet débattu dans les communautés anesthésiques. Globalement, il est ancré dans les mœurs qu’un patient se réveille plus rapidement sous desflurane que sous sévoflurane. Or, nous avons constaté que dans le cas de chirurgies longues, la différence s’élève de 3 à 5 min, et dans le cas de chirurgies courtes, il n’y a pas de majoration des délais de réveil. Donc, on peut considérer que la différence est négligeable d’autant qu’on anticipe la fermeture des gaz anesthésiques. Circule également la recommandation du desflurane dans le cas des patients obèses.
Nous avons créé un groupe de travail développement durable au sein du bloc et avons distribué un questionnaire à l’ensemble du personnel d’anesthésie pour mesurer leur ressenti vis-à-vis des gaz anesthésiques, leur sécurité et leurs effets environnementaux. 80 % des répondants observaient une anesthésie similaire entre le desflurane et le sévoflurane et environ 50 % étaient conscients des impacts environnementaux.
Durant quatre mois, de janvier à avril 2019, nous avons sensibilisé les équipes à la réduction du desflurane et avons à l’issue re-sondé les équipes : 93 % étaient prêts à retirer le desflurane de leur pratique courante. Nous avons donc supprimé totalement le desflurane et également retiré le protoxyde d’azote dans l’ensemble du bloc central (sauf au bloc ambulatoire).
Résultats : en 2019, nous avons utilisé 600 flacons de moins de desflurane que l’année précédente et augmenté la consommation de seulement 150 flacons de sévoflurane.
Cela signifie une consommation 4 fois moindre, une économie d’environ 500 tonnes d’équivalent CO2 et de près de 30 000 euros. On s’est habitué à travailler différemment, c’est un changement de pratique », explique le docteur Stéphane Combaz, anesthésiste au CH Métropole Savoie.